PROPOSITION DE TOILETTES PUBLIQUES


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La situation de l’assainissement en milieu urbain s’impose comme l’un des principaux problèmes sanitaires mondiaux. Problème le plus souvent associé à la pauvreté , il se retrouve constamment relégué derrière la problématique de l’accès à l’eau potable. Toutefois, l’agenda des politiques de santé publique et de développement commence à l’intégrer lentement notamment depuis son introduction dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il existe dans les principales villes béninoises une multiplicité d’acteurs et d’approches pour améliorer l’assainissement. Mais comme c’est souvent le cas dans le secteur du développement, ces efforts sont généralement mis en œuvre sans coordination ni cohérence. Les croissantes et nombreuses problématiques sanitaires locales visibles dans le pays révèlent à quel point l’assainissement est encore loin d’être un secteur maitrisé. Alors que les attentes des populations ont profondément évolué, l’intervention publique peine à répondre à celles-ci et ne parvient pas à couvrir l’ensemble des territoires urbanisés dont l’expansion rapide est faiblement maitrisée.

À Cotonou, il est devenu courant à la fois de lire des pancartes interdisant de faire ses besoins à tel ou tel endroit et d’observer, à cet endroit, une personne braver l’interdiction à la vue de tous et sans volonté de s’assurer une certaine intimité. Cette incivilité, comme tant d’autres, découlent d’un manque d’accès à des toilettes publiques dans les lieux les plus fréquentés de la ville. Les alentours des établissements scolaires, les bâtiments administratifs, les lieux de culte, les plages publiques, les lieux de restauration, les marchés ainsi que les espaces évènementiels (places publiques, stades, salles de spectacles, centre de conférences, etc…) ont la particularité d’avoir une forte densité de personnes au mètre carré (m2) et durant des heures précises. Ces personnes sont pour la plupart du temps très mobiles et très actives sur ces lieux. Les longues périodes d’attente ou de stationnement, les températures élevées ou encore les aliments consommées dans ces lieux contribuent, pour certains d’entre eux, à l’expression du besoin de se soulager avec empressement. En général, l’environnement naturel (terrain nu, maison inachevée, plage, lac, étangs, mer, marres, broussaille, etc…) le plus proche est transformé en « toilettes » pour la circonstance. Il s’en suit alors une dégradation massive et rapide de l’environnement de ces zones dont les conséquences sont largement sous-estimées.

Politiques urbaines contre problématique aigüe d’assainissement
Principale porte d’entrée du pays, la commune de Cotonou résiste toujours à toutes les thérapies d’urbanisation visant à lui donner un nouveau visage. Plan de développement communal (PDC), Programme Cotonou en campagne contre l’inondation (3CI), Programme d’urgence de gestion environnementale de gestion urbain (PUGEMU) et bien d’autres programmes financés par la mairie, le pouvoir central et les partenaires au développement, n’arrivent toujours pas à résoudre les problèmes majeurs de la ville dont font partie les inondations et l’assainissement. Après 13 ans de décentralisation, Cotonou semble bien être figée dans le temps. Les efforts pour sortir la ville de sa léthargie sont restés vains. Les études sont formelles : Cotonou est un marécage, un réservoir naturel d’eau, un bas-fond par excellence.
Des études du collectif Coalition Eau mettent en avant, qu’en 2014, 70% de la population africaine n’avaient pas accès à des toilettes décentes. Un manque d’assainissement ayant plusieurs origines :

  • Un sujet tabou dont l’évocation embarrasse les états, les médias et l’opinion publique
  • Un manque de volonté politique qui entraine un manque de financements nationaux et internationaux
  • Un manque de sensibilisation des populations : le lien réel entre maladies et manque de toilettes n’étant toujours pas assimiléUne problématique dont on constate les caractéristiques au Bénin à travers quelques chiffres provenant d’un autre rapport du collectif ci-dessus cité :
  •   25,3% : Pourcentage d’habitants ayant accès à un assainissement amélioré en milieu urbain (WC, latrines dalle, latrines à fosse ventilée, toilette compost).
    Ce chiffre exclut les personnes qui utilisent des toilettes publiques ou partagées, des latrines sans dalle, ou encore des personnes qui défèquent à l’air libre.
  •   23,38% : Pourcentage de personnes qui utilisent des toilettes publiques ou partagées.
  •   8,35% : Pourcentage de personnes qui utilisent des toilettes « non améliorées » (latrines sans dalle, fosse perméable, etc…).
  •   53,97% : Pourcentage de personnes déféquant à l’air libre.

 

Même si sans doute sous-estimées, ces données nous permettent de nous rendre compte de la gravité de la situation en termes d’hygiène dans la ville. En effet, il semble anodin pour une majorité de personnes au Bénin, et précisément à Cotonou de se soulager de leurs besoins peu importe le lieu.
En amont, il existe une réalité pour tout cotonois qui est la difficulté de trouver des toilettes publiques dans la ville. L’accès à des installations sanitaires dans les lieux publics est, pour une portion de la population, une source de préoccupations voire un problème récurrent et quand l’accès à un assainissement amélioré n’est pas garanti, la population se divise en trois catégories :

  • celle qui utilise des toilettes partagées ou publiques
  • celle qui dispose d’une installation non-améliorée, notamment une fosse non-étanche
  • et celle déféquant à l’air libre.
Ces systèmes sont des facteurs de risque dans la propagation de certaines maladies qui se développent en lien à ce mauvais assainissement de base et en particulier à des toilettes défectueuses ou inexistantes dans une grande partie de la ville. Si les déchets et les eaux usées peuvent simplement être jetés dans la rue en l’absence de système de gestion, dans le cas de Cotonou, la défécation non contrôlée est une source importante de maladies et de gêne dans la vie quotidienne. En l’absence d’accès aux toilettes et de dispositifs d’évacuation efficaces (vers une fosse septique étanche, une fosse ventilée ou encore via un système de compost), une partie de la population mondiale se rabat vers un « système D » dangereux : seaux, sacs plastiques, vulgaires trous, installations partagées ou publiques, latrines peu ou pas isolées ou tout simplement défécation à l’air libre… Autant de système qui aboutissent à la création de stocks de déchets non-évacués, devenant rapidement des réservoirs de microbes, à la portée de tous et des sources de contamination pour les cours d’eau environnant. Or, le manque d’accès à l’assainissement est un des facteurs les plus aggravants de la propagation des maladies. Un gramme de matière fécale humaine peut abriter jusqu’à cent œufs de parasites, 10 000 virus (comme l’hépatite ou la polio) ou encore jusqu’à un million de bactéries, responsables de la dysenterie, du choléra ou de la diarrhée.
Sachant que la plus grande partie des problématiques sanitaires peut être évitée grâce une eau potable, un assainissement adéquat et une hygiène suffisante, favoriser l’accès à des toilettes à tous par de l’investissement dans l’amélioration de l’accès à l’assainissement permet un gain à tous les niveaux.L’avènement du régime du « Nouveau Départ », avec la création du ministère du cadre de vie et du développement durable, porte le germe d’un nouveau plan d’urbanisation des grandes villes du pays en particulier Cotonou. Au Bénin, 0,79% du PIB serait mobilisé pour l’amélioration des conditions sanitaires du pays. Il y a donc actuellement une reconnaissance des problématiques d’assainissement dont les représentations les plus visibles sont les inondations et les nombreux cas de maladies hydriques. Ce projet vient donc en concordance avec la politique d’assainissement des villes béninoises mise en place par le gouvernement actuel. À travers les politiques d’aménagement du territoire, le gouvernement tente, en effet, depuis quelques mois de mettre de l’ordre dans une urbanisation non contrôlée depuis des années. Toutefois cette nouvelle dynamique n’inclut pas l’installation de toilettes publiques. Ainsi pour une entreprise privée qui souhaite s’installer sur ce marché, un besoin réel existe à condition de proposer une solution adaptée aux contraintes, usages et aux budgets locaux. Le rôle des entreprises commerciales (au niveau individuel, communautaire et institutionnel) se doit d’être de plus en plus intégré dans les politiques publiques afin d’améliorer leur efficacité.

L’étude propose un prototype  des toilettes publiques pour les quartiers de la ville de Cotonou.